Une assemblée du CQVL réunissant plusieurs nouveaux venus, principalement des citoyens du Vieux-Lévis, a été tenue mardi dernier suite a l’octroi par le comité de démolition de la Ville de Lévis du permis de démolir pour le bâtiment situé au 35-37 Côte du Passage.
L’indignation est généralisée. À l’analyse collective, cette autorisation de démolir ce bâtiment équivaut à un permis de démolition pour le Vieux-Lévis, si on se basse strictement sur les arguments invoqués parle comité de démolition pour accorder le permis. Nous le savions déjà, mais il est devenu évident que les menaces de démolitions qui pèsent sur des bâtiments de la Côte du Passage ne sont que les signes avant-coureurs d’une plus vaste entreprise de promotion de la surdensification du quartier (oui, surdensification, et il ne faut pas être un expert chevronné de l’urbanisme pour tirer cette conclusion d’une évidence criante – cela crève les yeux, même les enfants du quartier s’étonnent de l’aspect massif de la construction projetée dans leur voisinage, alors il ne faut pas prendre les payeurs de taxes pour des idiots…).
La Ville de Lévis ne veut pas s’empêtrer dans les restrictions qu’implique la reconnaissance d’arrondissement historique pour le quartier du Vieux-Lévis parce qu’elle souhaite avoir les coudées franche quand vient le temps de vendre le quartier un bloc de condos à la fois aux promoteurs qui arrivent avec des projets qui rempliront les coffres de la Ville avec des taxes foncières accrues. Exit l’identité, exit le patrimoine, exit le tourisme, exit le milieu de vie équilibré, et bienvenue aux nouveaux promoteurs du Boom Town lévisien, la Côte « avec une vue ».
C’est vulgaire, et contraire aux souhaits des citoyens, donc des électeurs.
Le problème, c’est que dans certains cas, même si une administration peut être bottée hors la salle du conseil après 4 années de ratés dans le domaine du développement (Constellation ? Rock Point ? Vieux-Lévis prochainement ?) il n’en demeure par moins que son passage à la tête d’une ville puisse laisser des marques permanentes: on jette un bâtiment de plus de 150 ans à terre, on le remplace par une imitation moderne massive (pour ne pas dire agressive) et on laisse sa marque pour longtemps dans le paysage politique… pour les mauvaises raisons.
Jusqu’ici le CQVL a mené une lutte d’urgence en réaction aux menaces de démolition qui pesaient sur les bâtiments de la Côte du Passage, une lutte nécessaire qu’il fallait mener immédiatement – et nous la mèneront à terme, tout n’est pas encore perdu. Il a été résolument décidé suite à la dernière réunion que cette lutte pour la sauvegarde des bâtiments du Vieux-Lévis devait maintenant s’élargir à l’ensemble du quartier qui n’est pas encore menacé, d’autant qu’en réunion il a été dit et su que les propositions d’achats de terrains et de bâtiments se sont multipliées au cours des deux dernières années dans le quartier, et encore récemment.
À ce rythme il ne restera bientôt plus que la maison d’Alphonse Desjardins qui tiendra encore debout, bien étroitement serrée entre deux beaux gros édifices à condos de luxe bien modernes et richards, avec une vue imprenable sur un vaste quartier historique reconnu comme joyau du patrimoine mondial par l’Unesco: le Vieux-Québec !
N’est-ce pas ironique ?
Et nous, lévisiens et lévisiennes ? Ne pouvons-nous même pas espérer garder notre vieux quartier à l’abri des pics des démolisseurs ? Est-ce réellement nécessaire de jeter à terre toutes les bâtisses du quartier qui ont besoin d’être rénovées ou qui ont une «craque» dans un mur de brique ? Le quartier du Petit-Champlain, juste en face, a été jadis une ruine chambranlante et c’est connu. L’a-t-on rasé ? Non ! Alors quoi ? ! À Lévis, il semble qu’on puisse se passer d’un quartier patrimonial. Et aussi d’un plan particulier d’urbanisme. Et d’un arrondissement historique. Et… d’une vision cohérente de l’urbanisme qui sache faire le pont entre le passé et le futur.
Une vision urbaine patrimoniale développée et appliquée maintenant. Pendant qu’il reste encore quelque chose à voir du Vieux-Lévis, à part le Château Frontenac…
Les citoyens du Vieux-Lévis sont en mouvement. Nous ne trébucherons pas sur deux demandes de démolition. Nous ne nous tairons pas. Nous ne regarderons pas les maisons avoisinantes tomber sans rien faire. Nous ne laisserons pas les promoteurs décider de l’avenir de notre quartier à notre place et à la place de ceux que nous avons élus pour nous représenter auprès d’eux. Car ici, il y a défaut de représentation. Cela aussi est devenu clair.
Nous sommes le Comité des citoyens du Vieux-Lévis. Nos appuis grandissent chaque jour, à la mesure de notre détermination. Vous pouvez peut-être jeter des maisons par terre, mais nous nous tiendrons debout. Tenez-vous le pour dit !
Éric Fortier, pour le CQVL