
La maison Thompson, à la sortie ouest du Vieux-Lévis, angle Saint-Georges et Dorimène- Desjardins Photo: Michel Lessard – 1972
La maison que François-Xavier Thompson légua par testament à ses petits enfants en 1892 avait été construite à l’hiver 1853-54.
En 1992, alors que conseiller Gilles Lehouiller dirigeait les consultations sur le premier Plan d’urbanisme des villes regroupées de Lauzon, Lévis, et St-David, la limite du périmètre du Vieux-Lévis fut établie à l’arrière des maisons bordant le sud-est de la rue Saint-Georges, précédemment nommée le « Chemin du Roy », il y a près de 300 ans.
En 2017, c’est le maire Gilles Lehouiller qui lança les consultations précédant l’adoption du PPU. Dès 1972, certains auteurs avaient exprimé que cette maison était très représentative du style anglo-normand en vogue au milieu du 19e siècle.
Nous procédons ci-dessous à un procès simulé pour faire voir la pensée des experts sur les vieilles habitations, nous produisons par la suite quelques photographies pour permettre d’évaluer les protections que le PIIA de 1992 et le PPU de 2017 ont pu accorder à la prestigieuse maison Thompson afin d’en préserver son rayonnement.
Précisions préliminaires :
PIIA : Plan d’implantation et d’intégration architecturale
PPU : Programme particulier d’urbanisme
LES EXPERTS
1er expert à la Barre, à titre posthume :
Pierre Georges Roy, historien lévisien, premier secrétaire de la Commission des monuments historiques du Québec, a écrit ceci à l’introduction de son œuvre Vieux Manoirs, Vieilles Maisons (1927)
« Hélas! ces témoins du passé, ces vieilles maisons de chez nous, elles s’en vont comme beaucoup d’autres choses. Usées par les ans, elles tombent sous le pic des démolisseurs. Pour beaucoup, la destruction s’imposait; elles menaçaient ruine. Mais, combien auraient pu être sauvées, combien auraient pu être réédifiées dans leurs lignes primitives. Au moins, conservons celles qui existent encore, et n’allons pas les remplacer par des maisons de ville, des cottages, des bungalows insignifiants. »
« Je n’aime pas les maisons neuves. Leur visage est indifférent, a dit Sully Prudhomme. »
Elles peuvent avoir une belle apparence extérieure; elles ne disent rien au cœur. Au contraire, ces manoirs, ces vieilles habitations dont nous reproduisons le gracieux profil, avaient de l’originalité et symbolisaient justement l’âme de tout un peuple.»
1re Photo à l’appui
- Des maisons qui symbolisent l’âme de certains fondateurs de Lévis. La maison du notaire Léon Roy à 10, rue Wolfe, construite en 1870, l’année ou son épouse Marguerite Lavoie donna naissance à un fils, Pierre-Georges.
- Les 2 cottages victoriens (6 & 8, rue Wolfe) datant de 1890, construits par Marguerite Lavoie, mère de Joseph-Edmond et Pierre-Georges Roy. Joseph-Edmond Roy habitait le 8, rue Wolfe, quand il fut maire de Lévis (1896-1900). Le 2 et 4 rue Wolfe, construits en 1910 par Ernest Roy, frère des historiens Roy. (Google Earth )
2e Expert à la barre :
Michel Lessard, historien lévisien, dans l’avant-propos de l’Encyclopédie de la Maison Québécoise (1972),
« S’il est un lieu où la maison reste un élément majeur dans le patrimoine d’un peuple, c’est bien au pays du Québec…C’est aussi dans ce refuge qu’on passe une très grande partie de sa vie à manger, dormir, à grandir et à mourir, la contrainte climatique nous obligeant dès novembre à diminuer nos activités de plein air, et à nous concentrer davantage dans un milieu fermé et chauffé, et ce jusqu’en mai.
Cette réalité d’un foyer, on la perçoit sous mille et une formes dans notre vie de tous les jours, notamment l’été, quand on circule à travers la province, dans ces quartiers historiques de nos vieilles villes ou dans ces villages pittoresques parsemés ici et là dans la vallée du Saint-Laurent, en bordure de quelque rivière ou dans les pays de colonisation.
La variété des modèles, la richesse et la noblesse des matériaux, la qualité des techniques de construction deviennent autant d’aspects qui illustrent bien la géographie particulière des lieux et l’histoire des différentes forces qui vont jouer dans l’élaboration de notre civilisation. »
2e photo à l’appui :

Source: Encyclopédie de la Maison Québécoise, Michel Lessard, Huguette Marquis (1972)
3e photo à l’appui :

La maison Thompson à l’été 2018 dans son traditionnel cadre champêtre. Construction entreprise en 1853 par François-
Xavier Thompson, mesureur de bois, et terminée au printemps
de 1854 (Greffe de Léon Roy, N.P, No 525) ( Google Earth)
4e photo à l’appui

Mai 2019 – Maison F. –X. Thompson, à la sortie sud-ouest du Vieux-Lévis, rues Saint-Georges/ Dorimène-Desjardins, devant un immeuble locatif en construction dans la zone urbaine contiguë au périmètre du Vieux-Lévis. Insouciance et ignorance crasse et stupide de l’encadrement exceptionnel de par son caractère champêtre. Photo Y.-M. Roy
DÉLIBÉRATIONS
Questions
Considérant l’importance donnée à la maison Thompson par l’historien Michel Lessard,
1. le PIIA de 1992 a-t-il assuré le rayonnement de la maison Thompson située dans le périmètre du Vieux-Lévis ?
2. le PPU de 2017 a-t-il assuré le rayonnement de la maison Thompson située dans le périmètre du Vieux-Lévis ?
LA DÉCISION
Si vous étiez membre d’un jury, quelle serait votre réponse pour chacune des questions ?
1 ) OUI NON
2 ) OUI NON
Par Yvan-M. Roy

Maison ancestrale, toit normand à quatre versants, en page couverture de l’Encyclopédie de la Maison Québécoise, Lessard et Marquis, 1972.