Audition des appels de la démolition de la maison sise au 35-37, Côte du Passage

Hier soir 21 février 2012 avait lieu à l’Hôtel de ville de Lévis, à St-Romuald, l’audition des appels de la décision rendue par le comité de démolition de la ville de permettre la démolition de la maison rouge dans la Côte du Passage, devant une assemblée spéciale du conseil . Je ne ferai pas ici le procès verbal détaillé de l’audition, mais rendrai compte d’après mes notes du déroulement de l’exercice, au bénéfice des personnes qui n’ont pas pu y assister, à titre de simple témoin de l’exercice, et de membre du CQVL.

Les appelants étaient, dans l’ordre de présentation, M. Yvan Roy, M. Jean-Marie Doré, Mme Rose-Lise Lamontagne, qui a invité l’architecte Luc Fontaine à témoigné à titre d’expert, et Mme Diane Pilon. Chacun des appelants avait une demie heure à sa disposition pour faire valoir ses arguments. Chaque intervenant a déposé auprès des membres du conseil de municipal les documents reliés à son intervention.

Dans son exposé, monsieur Roy a pris soin de relever, selon ses observations, les manquements, incohérences ou irrégularités du comité de démolition de la ville de Lévis dans l’ensemble de son exercice d’audition et d’évaluation de la requête en démolition du bâtiment concerné. Il a aussi relevé des inexactitudes dans l’une des expertises commandées par la ville aux fins des travaux du comité de démolition. L’ensemble de sa présentation visait essentiellement à démontrer que les travaux mais aussi l’attitude du comité de démolition avait été inadéquat à plusieurs égards, et qu’une des expertises commandées pour l’évaluation de ce dossier n’a pas été fidèle au mandat reçu.

Monsieur Jean-Marie Doré pour sa part s’est attardé au fait que le comité de démolition avait rapidement écarté les arguments relatifs aux effets sur le voisinage immédiat  du projet de remplacement en cas de démolition de la maison rouge, soit un édifice occupant tout l’espace du terrain actuel, sur 3 étages, jusqu’aux limites du terrain, ce qui élèverait en surplomb des terrains voisin des murs, balcons et fenêtre plongeant directement sur les cours, modifiant la perspective, la vue, la luminosité et le couvert végétal environnant de façon drastique en plus de souligner que les membres du comité ont confondu logements locatifs et propriétés en condominiums en soutenant que l’offre de logement serait accrue dans le quartier avec ce projet; dans les faits, elle est diminuée. Monsieur Doré a aussi cité la ville de Lévis elle-même dans son document Réussir à Lévis au sujet de la valorisation de ses vieux quartiers, où elle semble en contradiction avec ses propres orientations politiques déclarées quand on les compare aux faits observés depuis quelques années.

Madame Rose-Lise Lamontagne, à titre d’appelant, a présenté monsieur Luc Fontaine, architecte, comme expert, pour démontrer en quoi le comité de démolition a mal été informé ou n’a pas été informé en ce qui concerne les possibilités de rénovation ou de restauration de la maison rouge, et a présenté le fruit de ses recherches au sujet de cette maison, sans doute la plus ancienne de la Côte et l’une des plus anciennes encore debout dans le quartier. Il a cherché à démontrer que l’option de sa conservation n’était ni irréaliste, ni hors de prix, ni trop compliquée, ni compromise par des défauts de construction, de rénovation ou les effets du passage du temps sur sa structure. En somme, on pouvait comprendre à son témoignage qu’il n’en tient qu’à la volonté de la ville, ainsi qu’à celle du propriétaire, d’envisager pour cette construction un sort différent, et non à des impératifs insolubles, hors de la portée des intervenants concernés.

Enfin, madame Diane Pilon a relevé ce qu’elle a appelé les « aberrations » commises par le comité de démolition dans l’ensemble de son exercice d’évaluation de ce dossier, ses incohérences et son attachement à la lettre et non à l’esprit de la réglementation dans le traitement de l’évaluation de la requête en démolition de cette maison. Le comité selon elle n’a fait aucun cas de la réalité humaine rattachée à ce bâtiment ou à la question de sa sauvegarde ou de sa démolition, qui a pourtant un impact bien réel non seulement sur la trame architecturale du quartier, mais aussi sur son tissu humain. Dans un fervent plaidoyer pour la sauvegarde de l’âme du quartier, madame Pilon a invité nos élus, à être attentifs, à venir marcher dans le quartier, et à se le réapproprier, comme citoyens.

Le propriétaire et requérant en démolition, monsieur Denys Garant, a utilisé son droit de réplique en présentant son porte-parole, monsieur Yves Parent, qui s’est employé à reprendre et contredire les principaux arguments des appelants, non sans avoir au préalable résumé le déroulement chronologique de toute l’affaire, depuis l’acquisition du bâtiment par monsieur Garant jusqu’à cette audience en appel, en soulignant dans l’exercice que monsieur Garant avait toujours eu à coeur d’agir à tous égards en toute légalité et en conformité avec la réglementation de la ville de Lévis. S’attachant à ces considérations, monsieur Parent a cherché à démontrer que rien ne cloche dans ce dossier et que ni la ville, ni ses experts mandatés, ni le propriétaire n’ont failli à leurs devoirs ni agi contre le bon droit ou le respect des règles dans cette affaire. Il sera contredit plus tard durant l’audience par monsieur Luc Fontaine sur une question technique concernant la rénovation de la maison, mais dans l’ensemble, monsieur Parent s’en est tenu aux faits et a minimisé les considérations d’ordre non légales et les remises en question du travail des experts ou du comité de démolition. Il a enjoint la ville de Lévis à s’en tenir aux faits et aux règles, de la même façon que le requérant affirme l’avoir toujours fait depuis le début.

Monsieur Gaston Cadrin s’est ensuite présenté comme géographe et restaurateur de maisons anciennes pour souligner l’absence d’évaluation sérieuse de la part de la ville de son patrimoine bâti et spécialement dans ce cas-ci, où un de ces bâtiments est menacé de démolition sans avoir fait l’objet d’un examen plus approfondi. Il a aussi critiqué le fait que le comité d’urbanisme de la ville puisse donner un avis favorable concernant le projet de remplacement avant même que le comité de démolition ne rende sa décision. À ce sujet, la mairesse Danielle Roy-Marinelli a expliqué la portée de cet avis, sans effet ni influence de quelque nature que ce soit sur le travail du comité de démolition. Monsieur Robert Martel, chef de service pour l’arrondissement Desjardins et secrétaire du comité de démolition viendra par la suite expliquer en fait pourquoi et comment le comité d’urbanisme peut émettre un tel avis, sans préjudice au traitement de la demande de démolition par le comité mandaté par la ville.

Deux citoyens de Lévis ont ensuite pris la parole pour poser une question en lien avec la question de l’appel entendu, puis juste avant la levée du conseil spécial, le conseiller municipal Jean-Claude Bouchard a tenu à préciser auprès des appelants que le silence des élus ne devait être interprété ni favorablement, ni défavorablement quant aux appels entendus durant l’audition des appels.

L’exercice en entier, débuté peu après 18h30, et assez rondement mené, s’est terminé peu après 20h00.

Je ne ferai pas de commentaire, ni personnel ni subjectif ni partisan, au terme de ce compte-rendu, par respect pour l’exercice lui-même et pour toutes les personnes qui ont pris la parole, de part et d’autre, exercice qui, convenons-en, n’est plaisant pour personne. Les auditeurs sont partis réfléchir aux arguments qu’on leur a présenté et nous réserverons nos commentaires non seulement pour la décision qui sera rendue en temps et lieu (nous publierons la date et le lieu sur le blogue), mais aussi bien sur le libellé de cette décision, qui pourrait bien être plus instructif lui-même que la décision rendue.

Merci aux appelants pour leurs efforts, leur courage et leur travail considérable dans ce dossier, ainsi qu’aux personnes qui les ont soutenues et encouragées. Bon repos à tous et à toutes, jusqu’au prochain rebondissement…

Éric Fortier, CQVL

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Un commentaire pour Audition des appels de la démolition de la maison sise au 35-37, Côte du Passage

  1. Christin Belley dit :

    Le prochain rebondissement est en cours depuis le 10 février 2012. Il s’agit de la demande d’avis de conformité déposée par un groupe de 22 signataires du quartier du Vieux-Lévis. La progression de ce complexe et volumineux dossier va bon train. Le repos, ce sera pour plus tard…

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