En réponse à ceux qui prétendent que les citoyens qui se battent pour conserver le caractère identitaire des vieux quartiers sont contre le développement, je dis ceci :
Nous ne sommes pas contre le développement, C’EST LE CONTRAIRE. Nous sommes pour le développement qui met en valeur ce qui nous rend unique, qui fait qu’on est qui on est et personne d’autre. Nos traces identitaires, la place qu’on a prise dans l’histoire de l’Amérique. Notre place unique à nous.
Comme les autres peuples l’ont fait et le font encore. Comme les Old Town de New-York, Boston, Minneapolis, San Francisco, Annapolis, Washington et les autres villes américaines qui mettent en valeur ce qui les représente dans la longue histoire de leur pays, laquelle est plus récente que la nôtre. Comme Paris, Lisbonne, Londres, Madrid, Barcelone, Dublin, Amsterdam, Vienne, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Madrid, Prague, Toulouse, Florence et les autres, qui savent que leur identité est directement liée à ce qui les a faites. Pour ne nommer que des villes connues. Les petites villes inconnues n’agissent pas autrement. Lévis, avec Québec, représente le tout début de la colonisation de l’Amérique du nord par les colons européens, dans les années 1600. On y trouve les plus vieilles traces de notre histoire. Sans parler des traces de la présence millénaire des peuples Amérindiens sur ce territoire, des traces autrement plus profondes que les nôtres.
Si les administrations municipales de toutes ces villes avaient raisonné comme on raisonne actuellement à Lévis (et dans d’autres villes au Québec), il resterait quoi de leur singularité, de leur histoire collective, de ce qui les rend uniques dans le monde? Vous viendrait-il à l’idée de vous offrir un voyage à Paris pour aller visiter les blocs de condos qui poussent dans les nouvelles banlieues? Quand vous rêvez de voir l’Espagne, vous rêvez à quoi au juste? Et quand vous rêvez d’Irlande, rêvez-vous d’un tour guidé dans les nouveaux développements résidentiels qui ressemblent tellement aux nôtres, avec leurs galeries en PVC et leurs revêtements économiques en « clapboard » de vinyle?
Il y a des quartiers faits pour ça, le développement nouveau, pratique, fonctionnel, avec ou sans traces du passé. Le noyau historique d’une ville, d’une communauté, là où se trouvent les anciens témoins de son histoire collective, ce lieu se doit d’être conservé et mis en valeur. Préservé, rénové et restauré. Pas démoli pour faire place neuve. Parce que c’est là que se cache l’ADN d’un peuple, ce précieux code qui le rend unique.
Pour choisir vers où aller, il faut comprendre d’où on vient. Ce qui nous propulse vers devant prend son appui derrière nous. Le contraire est le Vide. Le « pas de sens ». Ce n’est pas ça que nous voulons léguer à nos enfants.
Christine Belley, citoyenne de Lévis
Cristine Belley frappe juste lorsqu’elle a écrit :
« Il y a des quartiers faits pour ça, le développement nouveau, pratique, fonctionnel, avec ou sans traces du passé. Le noyau historique d’une ville, d’une communauté, là où se trouvent les anciens témoins de son histoire collective, ce lieu se doit d’être conservé et mis en valeur. Préservé, rénové et restauré. Pas démoli pour faire place neuve. Parce que c’est là que se cache l’ADN d’un peuple, ce précieux code qui le rend unique. »
Il y a plusieurs noyaux historiques dans le nouveau Lévis, portant chacun son précieux code génétique. Les communautés qui font preuve de responsabilité prennent des mesures, par exemple, un Programme particulier d’urbanisme (PPU), pour les protéger les lieux de mémoire et les mettre en valeur. Le Vieux-Lévis pour sa part un ADN spécial qui repose sur la richesse de son passé et le caractère exceptionnel de son patrimoine immobilier, collectif ou particulier. Par insouciance ou par choix, depuis 25 ans, l’administration a causé la dénaturation du Vieux-Lévis en reportant l’adoption d’un PPU, ce qui a permis l’implantation d’immeubles aux dimensions démesurées par rapport à celle des immeubles patrimoniaux. Malheureusement, le nouveau Plan d’urbanisme poursuit la même direction. La densification est devenue la règle « passe-partout ».
Les prochaines victimes :
– l’environnement du Couvent de Lévis (zone P2166);
– celui de l’Anglicane (zone P2172);
– celui de Dorimène-Desjardins (zone 2171)
– celui de la rue Bégin (zone 2173);
– sans oublier celui du plus ancien de nos faubourg, le Canton Labadie, connu dans les livres anciens sous le nom de Canton Batoche (zone P2164).
Merci Mme Belley d’avoir si bien établi les enjeux.
Yvan-M. Roy
OUF! Merci d’avoir pris le temps de le dire! Et c’est pertinent de le faire: plusieurs fois au cours des 18 derniers mois, dans des assemblées municipales comme au conseil de ville j’ai entendu de telles réactions de la part de gens qui pensent qu’on est contre tout alors qu’en fait, depuis le debut, on répète qu’on est pour un développement urbain réfléchit, harmonieux, respectueux de l’environnement patrimonial, qu’on répète qu’il y a encore en masse de place à Lévis pour en bâtir des tours d’habitation modernes… densifier, densifier… sibole. Le quartier Champlain en face de chez nous, sur l’autre rive, il est dense, et pourtant, on a pas jeté les bâtisses à terre, on les a restaurées, rénovées, préservées. Le quartier est envahi de touristes. Moi, si je venais d’outre atlantique pour visiter, et qu’on me donnait le choix entre le Vieux-Lévis (parti de même…) ou les arrondissements historiques sur la rive nord, mon choix serait pas long à faire. Il est encore temps pour les élus de prendre les bonnes décisions. Parce qu’on dirait que depuis quelques années, les décisions ici sont prises par les promoteurs pour les promoteurs avec la permission des élus. Ce n’est pas l’idée que je me fais d’une saine gouvernance. Et vous?