Plaidoyer pour sauver de la démolition l’Hôtel Victoria à l’Anse Tibbits, par Yvan-M. Roy

Lévis, le 30 septembre 2020

Objet : Opposition à la demande d’autorisation pour la démolition du bâtiment portant le No 5204-5224, rue Saint Laurent, ville de Lévis

Madame et messieurs les conseillers

Membres du Comité de démolition

Ville de Lévis

Par la présente, je viens déposer devant le Comité de démolition de la ville de Lévis mon opposition à la demande d’autorisation de démolition (Règlement RV2017-16-56) présentée par la compagnie 9407-4218 Québec Inc., et concernant l’immeuble qui suit :

  • Un bâtiment portant le numéro d’immeuble 5204-5224, rue Saint-Laurent, secteur Lévis, avec numéro de lot 2 432 578, cadastre du Québec.

A . Requête au préalable 

  • Atttendu que depuis le 7 mai 2020, en raison de la pandémie actuelle, l’Arrêté ministériel 2020-033 a modifié la procédure impliquant le déplacement ou le rassemblement de citoyens, laquelle procédure a été remplacée par une consultation écrite annoncée 15 jours au préalable par un avis public.
  • Attendu que la procédure a l’effet d’enfreindre mes droits de pouvoir contre-interroger le demandeur et ses experts pour pouvoir vérifier, et éventuellement contredire l’état de décrépitude du bâtiment;
  • Attendu que j’entends par mon opposition faire la démonstration que le bâtiment donne l’apparence d’un bâtiment négligé, mais construit pour passer à travers les siècles, en plus de posséder une très grande valeur patrimoniale.


EN CONSÉQUENCE, je demande par cette requête :

  1. que le Comité de démolition confie à une firme d’ingénieurs le mandat d’établir un rapport précis sur l’état physique actuel du bâtiment;
  2. que le rapport soit remis au requérant et à tous les opposants pour que chacun puisse formuler et remettre au Comité de démolition son opinion avant la prise de décision.

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B. Raisons de mon opposition

Un bâtiment de très grande valeur patrimoniale

Le bâtiment, nommé Hôtel Victoria, avait été construit en 1868, pour l’homme d’affaires Frank Tofield, sur les ruines d’un premier hôtel nommé Victoria et détruit par un incendie à l’automne précédent. Le nouvel Hôtel Victoria fut pendant une vingtaine d’années l’hôtel de luxe le plus prestigieux sur la rive-droite du Saint-Laurent, de l’Ontario jusqu’au golfe Saint-Laurent. La tradition rapporte que les parlementaires du Haut-Canada, dont John-A. McDonald, logeaient au premier Hôtel Victoria lorsque le parlement du Canada-Uni siégeait à Québec, avant l’établissement de la Confédération en 1867.

Quel est donc ce lien de parenté qui unit l’hôtel Victoria, l’Anglicane et Cataraqui?

Réponse : C’est l’architecte Edward Staveley (1795-1872), qui avait produit les plans et devis de l’Hôtel Victoria. Il avait également tracé les plans de  Cataraqui à Québec,   de l’ église Anglicane à Lévis,  ainsi que plus de 200 bâtiments de la région, notamment ceux de l’Institut canadien, rue Saint-Stanislas, du magasin Holt Renfrew, rue Buade, de la Banque de Québec, rue Saint-Pierre. De 1845 à 1960,  les architectes Staveley ont fourni une contribution majeure à l’architecture de notre région.

L’Hôtel Victoria vers 1880, avant la construction en 1882 par le Chemin de fer Intercolonial de la voie ferrée jusqu’à la Traverse et Saint-Charles de Bellechasse.

Hôtel Victoria – Intercolonial Railway –Télécharger

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Description de l’hôtel Victoria le 18 mai 1868, dans le Progrès de Lévis

« L’automne dernier, un vaste incendie détruisit la plus riche partie du quartier Saint-Laurent. Le magnifique hôtel Victoria et les riches bâtisses environnantes ne formaient plus qu’un morceau de cendres et de ruines. L’hôtel Victoria, la plus belle bâtisse détruite, a été rebâti avec de plus grandes proportions, plus d’élégance et plus de confort. La nouvelle maison a pour ainsi dire surgi sur les décombres de l’ancienne. L’extérieur de la bâtisse est magnifique, il est construit en briques blanches. Au deuxième étage, une galerie a été faite sur toute la longueur de la bâtisse. Du haut de cette galerie, on a un magnifique coup d’œil sur le fleuve. » (Dates Lévisiennes, P.-G. Roy) .

L’Hôtel Victoria victime d’un éboulis après 1902

Nous pouvons avancer que la destruction d’une grande partie de l’Hôtel Victoria durant le dernier siècle n’a pas été causée par l’âge ou l ‘instabilité de la structure, mais plutôt par un(ou des) éboulis. Cette hypothèse repose sur l’article de L’Album Universel (28 juin 1902)rapporté par l’historien Jean Provencher dans Les Quatre Saisons ( 8 octobre 2013). Des éboulis à répétition avaient détruit plusieurs maisons immédiatement à l’est de l’Hôtel Victoria.

a) https://jeanprovencher.com/2013/10/08/des-eboulis-aussi-a-levis/

b) Google (Copier-Coller) : L’ancien Hôtel Victoria, parent pauvre et négligé…

Photo : Google Earth 3

Une série d’anciens hôtels et maisons de pension ayant résisté à l’épreuve du temps

A) Hôtel Victoria

B) Poste de police et d’incendie du Grand Tronc

C)D)E)F) Maison contemporaine sur l’emplacement de quatre petits hôtels,

dont l’hôtel Toronto

G) Hôtel Canada

H) Usage inconnu

I) Maison de pension

Pour l’anse Tibbits, le Plan d’implatation et d’intégration architecturale (PIIA) ne protège pas le caractère hautement patrimonial des lieux, contrairement à l’obligation faite au propriétaire d’une maison patrimoniale. Le propriétaire d’un lot devenu vacant peut ainsi choisir le modernisme, l’ultra particulier, ce qui attaque l’harmonie représentée par une vingtaine de bâtiments de part et d’autre de la Côte Rochette ( ancienne Côte Tibbits). C’est la règle du  »deux poids, deux mesures ».

Google : Copier Coller: À l’Anse-Tibbits, rue Saint-Laurent, une falaise des plus pittoresques, 19 bâtiments patrimoniaux exceptionnels

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L’Anse Tibbits, dans une perspective d’hébergement touristique associée au cyclisme et au ski de fond

Un bon nombre de résidents de la ville de Lévis, dont le soussigné, ont développé sous la bannière d’une entreprise internationale des offres d’hébergement touristique. Ces offres se concrétisent dans la location de chambres, d’appartements, de maisons. Par expérience, je sais qu’un appartement moyen peut générer jusqu’à 20 000 $ d’avril à novembre. Personnellement, j’ai rénové une maison de famille qui date de 1843. J’aurais pu facilement obtenir une démolition. C’est mon attachement au Vieux-Lévis qui ma fait opter pour la rénovation. Enfin, ma conjointe et moi, nous avons choisi l’hébergement touristique pour assurer le remboursement des emprunts et pour dégager un profit.

Depuis 8 ans, nous avons ainsi pu loger plus de 400 visiteurs venant du Canada, des États Unis, d’Europe, et d’aussi loin que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Chine. Nous avons contribué à la prospérité des commerçants du Vieux-Lévis, du Vieux-Québec, de la région métropolitaine. Enfin, nous avons contribué à faire entrer annuellement des devises étrangères au pays, une source de richesse.

Je considère que l’Anse Tibbits possède un patrimoine immobilier qui pourrait être mis en valeur et générer un achalandage comme au bon vieux-temps de l’Hôtel Victoria. La piste cyclable qui traverse l’Anse Tibbits pourrait, hiver comme été, devenir le « Branding » permettant d’atteindre, développer et fidéliser une clientèle internationale.

C. CONCLUSION

Demande de renonciation aux propriétaires et offre d’aide : Je m’adresse donc aux propriétaires de 9407-4218 Québec Inc. pour qu’ils renoncent à la démolition du vieil Hôtel Victoria. Je leur offre mon aide pour que l’Hôtel Victoria puisse retrouver son prestige d’autrefois.

Demande au Comité de démolition : Je demande au Comité de démolition de Lévis de refuser la demande en démolition pour les raisons mentionnnées ci-dessus,

Demande à la ville de Lévis : Je demande à la ville de Lévis d’établir un Plan particulier d’urbanisme (PPU) pour l’Anse Tibbits, à l’intérieur duquel il y aura des crédits pour encourager la rénovation des anciens hôtels, et en particulier le célèbre Hôtel Victoria.

Yvan-M. Roy

Historien local et Entrepreneur touristique

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ANNEXE 1

Vers 1860, un convoi du Chemin de fer du Grand Tronc quittant le termin maritime de l’Anse Tibbits, à l’époque du premier Hôtel Victoria

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ANNEXE 2

Série de petits hôtels sous le cap de l’Anse Tibbits vers 1880

Source : Charles E. Toad, ingénieur civil, pour la Western Assurance Co.

  • Fonds Marcel Roy ii
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