En 1884, suite à la vente de la Halle Lauzon (auj. la gare du traversier), Lévis fit construire deux beaux édifices, soit un hôtel de ville (rue Fraser) et la Halle Notre-Dame, rue Saint-Louis. Tout comme la Halle Lauzon, la Halle Notre-Dame logeait un marché public de même qu’une grande salle destinée aux activités culturelles et sociales. Des événements marquant notre collectivité se sont passés jadis à la Halle Notre-Dame. Par exemple, Pierre-Georges Roy raconte que le 16 novembre 1885, la nouvelle de l’exécution de Louis Riel avait produit une agitation considérable dans la ville. Le 20 novembre, une assemblée à Bienville avait réuni 1 500 personnes venues protester contre l’exécution. L’historien écrivit ce qui s’ensuivit le 26 novembre 1885:
« À la nouvelle salle Notre-Dame, assemblée publique convoquée par le maire Lefrançois, à la demande de quelques citoyens, pour protester contre l’exécution de Riel. Prennent la parole : le maire Lefrançois, le docteur Guay, député de Lévis, L.-G. Desjardins, député de Montmorency, J.-Edmond Roy, Thimolaüs Beaulieu, Alphonse Bernier, L.-P. Pelletier et Charles Langelier. On adopte ensuite les résolutions suivantes :
- Considérant que le représentant de l’autorité fédérale dans le Nord-Ouest, pendant la dernière insurrection, a traité avec Louis Riel, en lui demandant et en acceptant sa reddition et que cet acte du général Middleton n’a jamais été désavoué par l’Exécutif;
- Considérant qu’il a toujours existé un doute très sérieux sur le fait de savoir si Louis Riel a eu pendant l’insurrection, lors de son procès et de son exécution, la jouissance complète de ses facultés intellectuelles et que ce doute n’a jamais été éclairci à la satisfaction du public;
- Considérant que le jury, par son verdict, a recommandé Louis Riel à la clémence et que l’Exécutif en faisant exécuter la sentence de mort portée par le tribunal de Régina a méconnu le sens du verdict rendu;
- Considérant que l’exécution capitale pour offenses politiques n’est plus dans les mœurs de notre époque et que, dans le cas actuel, ni la sécurité de l’État ni le rétablissement de l’ordre dans le Nord-Ouest ne requéraient cet acte de rigueur excessive;
- Considérant qu’il n’y a eu à la mise à exécution de la sentence de mort portée contre Louis Riel d’autre nécessité apparente que celle de donner satisfaction à la haine des sectaires orangistes;
QU’IL SOIT RÉSOLU :
- Que dans l’opinion de cette assemblée l’exécution de Louis Riel a été un acte injuste, impolitique, inhumain et barbare;
- Que cette assemblée le réprouve comme elle condamne énergiquement la conduite du gouvernement fédéral qui en a pris la responsabilité ».
( P.-G. Roy, Dates Lévisiennes, Vol. 3, p. 181 et s.)
François-Xavier Lemieux, avocat criminaliste, était député libéral de Lévis depuis 1883. L’avocat était probablement présent à l’assemblée, mais son nom ne figure pas sur la liste des orateurs pour la simple raison qu’en juillet, il avait dirigé à Régina l’équipe de juristes assurant la défense de Riel à son procès pour haute trahison. En 1915, Lemieux fut nommé juge en chef de la Cour supérieure du Québec.
Louis-Georges Desjardins, 3e orateur, était le frère d’Alphonse Desjardins, d’où la forte probabilité que ce dernier était de l’assemblée du 26 novembre 1885. Louis-Georges fut lieutenant-colonel au 17e Régiment de Lévis et patron d’Alphonse au journal Le Canadien.
Densification du Vieux-Lévis : Le Comité de Quartier du Vieux-Lévis a déjà exposé le genre de surprises que réserve le nouveau Plan d’urbanisme pour l’environnement de certains édifices patrimoniaux sur la rue Déziel (le Couvent), la rue Wolfe (l’Anglicane), le canton Labadie, la rue Bégin, la côte du Passage et la côte Dorimène-Desjardins. Nous exposerons sous peu la dernière surprise que le nouveau Plan d’urbanisme a réservée pour l’ancienne Halle Notre-Dame.
Yvan-M. Roy