Historique sommaire de la Côte du Passage
Entre Québec et la Pointe-Lévy, « la Traverse » ou « le Passage » étaient jadis les vocables utilisés autrefois pour désigner l’endroit où le Saint-Laurent était franchi, été comme hiver. Aujourd’hui, les Lévisiens disent « la Traverse de Lévis » pour désigner le service des traversiers et « la côte du Passage » pour le chemin qui y donne accès.
Depuis la fondation de Québec, la côte du Passage avait été la principale voie d’accès vers le pays intérieur sur la rive droite du Saint-Laurent. Quelqu’un voulait se rendre en Beauce, ou à Boston, il fallait passer par là. Pendant longtemps, la côte fut bordée de petites auberges afin de restaurer les voyageurs en attente des canots passeurs. C’était l’époque où le seigneur John Caldwell avait créé directement, sous la vue de Québec, la ville d’Aubigny (1818) qu’il destinait à devenir le premier centre de villégiature pour familles aisées au Bas-Canada.
La vieille côte a connu son âge d’or à partir de 1854 quand Lévis est devenu le terminal maritime du chemin de fer du Grand-Tronc. Pendant les premières années suivant la fondation de Lévis (1861), le conseil municipal tenait ses réunions dans l’ancienne auberge Foisy de la rue Wolfe, à moins de 30 mètres.
Jusqu’en 1881, un essor économique exceptionnel permit aux commerçants des lieux d’accumuler des fortunes. On y venait de partout pour se procurer l’essentiel et le luxe. Pour le peuple, c’était devenu « la côte des Marchands ». Des journaux comme L’Écho de Lévis ou Le Quotidien se comparaient aux meilleures publications de Québec ou de Montréal. Une majorité des édifices qui bordent le bas de la côte ont près de 125 ans, quelques uns plus de 160 ans. Plusieurs datent du temps de la ville d’Aubigny. Ils reflètent aujourd’hui l’aisance des entrepreneurs et commerçants de l’époque.
Il est connu que de 1872 à 1893, Alphonse Desjardins fut un observateur privilégié des activités se déroulant au bas de la côte du Passage lorsqu’ il occupait un bureau situé au No 6, côte du Passage, à la rencontre de la rue Wolfe.
La côte du Passage a connu un lent déclin qui s’est accéléré à partir de 1965 avec l’ouverture au sud de centres d’achat dans l’axe de la route du Président Kennedy.
Quant au Vieux-Lévis, la côte du Passage sert de lien entre les rues parallèles que sont Saint-Georges, Saint-Louis, Bégin, Wolfe, Déziel et Fraser, où se trouvent des centaines de maisons et d’édifices publics de haute valeur patrimoniale, comme l’église Notre-Dame, le Collège et le Couvent de Lévis, la maison Alphonse Desjardins, les Halles Notre-Dame, le Manège militaire, le monastère du Précieux-Sang, etc.
Avec la rénovation récente de ses infrastructures et de son mobilier urbain, la côte du Passage donne l’indication qu’elle a le potentiel pour devenir l’une des plus belles rues d’ambiance du Québec et de tout l’Est américain, à la condition de conserver l’essence même de ce qui a fait son histoire et sa réputation.