Le Journal de Lévis (janvier 2009) : Les Forts No 2 et No 3, ce qu’il en reste

Forts no. 2 et no. 3 : ce qu’il en reste   (Extrait du Journal de Lévis, 28 janvier 2009)

  Lévis – Si encore aujourd’hui les vestiges abandonnés du fort no. 3 résistent, il en est tout autrement pour le fort no. 2, disparu il y a 40 ans, où est maintenant situé le siège social de Desjardins Assurance générales et le Club de golf de Lévis.

Par Marc-André Gagnon, magagnon@journaldelevis.com

Les trois forts ayant été construits dans les mêmes années, c’est-à-dire au début de la confédération, chacun avait coûté près de 300 000 $ de l’époque. Leur raison d’être était celle de se protéger d’une potentielle invasion de troupes américaines (Voir note 1) . Alors que le fort no.1 avait une capacité d’accueil de 144 hommes, les forts no. 2 et no. 3 pouvaient recevoir chacun une garnison de 170 troupiers.

FORT NUMÉRO 2

L’histoire du vieux fort numéro 2 a de quoi passionner. Avant de faire place au siège social de Desjardins Assurances générales, vers les années 70, le champ de parade du fort no. 2 a longtemps servi de stade de baseball à la population lévisienne alors que les voûtes, elles, permettaient à la Ferme de champignons de Lévis Inc. la culture de rien de moins que 264 000 lb/an du fameux végétal ! Les dernières années du fort no. 2 ont été marquées de nombreux conflits juridiques, l’histoire a même amené la Cité de Lévis en Cour suprême !

En effet vers 1948-49, le Canada cède à la Cité de Lévis les terrains du vieux fort. Une partie de ceux-ci sont alors achetés par le Club de golf de Lévis, qui en était depuis 1923, le locataire. Mais voilà qu’en 1955, la Cité de Lévis vend ses droits sur les terrains pour 1 000 $ à la compagnie des champignons, qui jusque-là, louait les installations. Le président de la Commission d’urbanisme de l’époque, indigné de ne pas avoir été consulté, découvre alors que la cession de 1949 ne permettait pas l’utilisation des lieux pour fins autres que récréatives. Quelques années s’écoulent et la Cité de Lévis doit alors rétrocéder le fort no. 2 au Canada et le champignonniste se voit quant à lui évincé sans être compensé.

FORT NUMÉRO 3

Les vestiges du fort no. 3 sont toujours visibles, sur le boulevard de la Rive-Sud, là où sont abandonnées les installations de Ciment Saint-Laurent. Sur le site de Wikipedia.org, on raconte que le site est identique à celui du fort no. 2, rasé en 1960. On explique qu’il est utilisé comme quarantaine animale jusqu’à la Première Guerre mondiale pour reprendre alors sa vocation militaire. En 1940, son état étant lamentable et dangereux pour les aventuriers, il fut partiellement démoli pour faire place à une cimenterie qui fut en fonction jusqu’en 1991. Un mur et demi des quatre qu’il possédait a subsisté alors que les voûtes seraient encore intactes. Des travaux de drainage ont été effectués en 2004 par la compagnie SNC Lavalin. Le site appartient à IMAFA, un entrepreneur immobilier lévisien qui, selon certaines informations, aurait tablé sur un projet récréo-touristique. Il y a quelques années, le site aurait même été pressenti pour accueillir le Centre de congrès et d’exposition de Lévis ! Projet qui a évidemment avorté. L’entrepreneur en question n’ayant pas retourné notre appel, nous verrons ce que l’avenir réserve aux vestiges du fort no. 3.

Forts 2 et 3 histoire

Note 1. (NDLR) La conception des forts de Lévis eut lieu durant la guerre de Sécession américaine (1861-65). Le 14 mai 1864 étaient débarqués à Lévis une douzaine d’ingénieurs royaux venus d’Angleterre faire des explorations pour la construction des forteresses projetées. Les travaux débutèrent l’année suivante alors que se terminait la guerre au sud. L’armée du l’Union, victorieuse, comptait alors 2 000 000 d’hommes sous les armes, 272 régiments de cavalerie et 3 200 canons. Il y avait une menace réelle, considérant les volontés expansionnistes des États-Unis à l’égard du Canada manifestées auparavant par des invasions en 1775 et 1812. L’Angleterre maintenait alors une quinzaine de régiments au Canada, et seulement 3 à la Citadelle de Québec. Les autorités coloniales ont donc mis en pratique la règle militaire formulée il y a longtemps par les généraux Romains : ‘’Si vis Pacem, para Bellum’’. À proprement parler, les trois forts n’ont jamais servi dans le cadre d’une campagne militaire. Toutefois, ils ont servi à dissuader les Américains d’entreprendre une troisième invasion pour annexer définitivement les colonies britanniques au nord de leur frontière. À l’époque de la Confédération, ces imposantes fortifications auront donc contribué à assurer pour l’avenir l’autonomie et l’indépendance des provinces du Canada.

Yvan-M. Roy

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