Le cœur historique de la Traverse – Quatrième partie

La Banque des Marchands – The Merchants Bank

Dans les années 1870, la  «  Merchants Bank »  était devenue la seconde banque en importance au Canada, après la «  Bank of Montreal ».  L’ouverture d’une succursale de la  Merchants Bank à Lévis eut lieu le 1 septembre 1874,  du côté nord de la rue Commerciale (Saint-Laurent), devant  la Halle Lauzon. Le 17 mai suivant,  la succursale se transporta dans un spacieux édifice nouellement construit en face de celui qu’elle occupait depuis septembre précédent. La grave crise boursière  qui avait débuté à Vienne en 1873  atteignit  l’Amérique dans les années qui suivirent. Après avoir été en 1877 secouée durement  par des faillites à répétition dans certaines entreprises qu’elle finançait, la Merchants Bank dut fermer plusieurs succursales à l’occasion d’un plan de redressement, dont celle de Lévis en 1879.

Traverse - Merchants Bank 2

La « Merchants Bank » construite en 1875, suivie de l’ancien Hôtel Saint-Louis.

David résiste à Goliath et sort vainqueur

À cette époque, le principal prêteur immobilier à Lévis était la Société de construction permanente de Lévis  (SCPL),  dont le siège se trouvait à 6, rue Wolfe, dans la maison que la ville de Lévis avait occupée pour ses bureaux de 1861 à 1865. Entre 1876 et  1879, le grand livre de la petite mutuelle  indique en prêts hypothécaires des totaux de 18 950 $ (1876), 20 800 $ (1877), 6 750 $ (1878) #,         et  11 000 $,  (1879). C’était considérable, car il y a 140 ans, une somme de  20 000 $  correspond  en dollars courants à plus de un million.  C’était l’époque du travail à 1 $ par jour et des maisons modestes  à 500 $ chacune.

 # Total 3 années : 18 950$ + 20 800$ + 6 750$ =           39 756,75$                                                                 (39 756,75$   actualisé en  $ de 2022                    1 117 753,00 $

On pourra conclure que les administrateurs de la SCPL avaient passé avec succès à travers les ppires années de cette longue crise boursière. Comme dans l’histoire de la Bible, Goliath (i.e ls Merchant’s Bank) avait pénétré sur les terres de David (i.e. SCPL). David avait résisté et, en quelque sorte, avait vaincu le géant. Heureusement, dix ans plus tard, Alphonse Desjardins entrait au bureau de direction de la SCPL pour y rester jusqu’en 1894. L’expérience acquise par le fondateur des Caisses Populaires en matiêre d’épargne locale et de prêt hypothécaire allait lui permettre de déterminer l’avenir de Lévis.

Copier et coller sur Google: « Me J.-Edmond Roy, la Société de construction permanente de Lévis et Alphonse Desjardins »

L’histoire de la Merchant’s Bank

Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_gro.php?id=150

« En 1873, même si son président, Hugh Allan, est impliqué dans un important scandale politique entourant le contrat de construction du chemin de fer Canadien Pacifique, la Merchants Bank of Canada ne semble pas très affectée par ces événements. Son nouveau siège social est en voie d’être complété, il est situé au 355,  rue Saint-Jacques, au cœur du centre financier de Montréal. Ce magnifique immeuble se veut le reflet des succès de cette entreprise. La Merchants Bank étend ses activités, elle est, cette année-là, la première banque à charte canadienne à ouvrir une succursale à Winnipeg.
Créée en 1861 par la famille Allan, la Merchants Bank eut tôt fait de sa tailler une réputation d’institution agressive sur la marché financier montréalais. Hugh Allan en assuma la présidence de 1861 à 1877, puis encore en 1882. Bien que son siège social fut établi à Montréal, la banque était beaucoup plus active en Ontario et dans l’ouest du Canada qu’au Québec. En effet, seulement quatre des 24 succursales de la Merchants Bank étaient situées au Québec en 1871. Cette situation était en fait le résultat de la prise de contrôle de la Commercial Bank de Kingston qui faisait faillite en 1868 et dont les activités étaient centrées à l’ouest du Québec.

Traverse - Merchants Bank MOntreal

Le siège social de la Merchants Bank, rue Saint-Jacques à Montréal

À la fin des années 1870, la Merchants Bank occupera le second rang en importance derrière la Banque de Montréal, mais elle connaîtra de sérieuses difficultés. En 1877, emportée dans la tourmente provoquée par l’importante crise économique qui secoue le monde depuis 1873, elle frôlera l’effondrement. Des dettes sur les chemins de fer américains héritées de la Commercial Bank et des pertes importantes, à la fois sur le marché new-yorkais de l’or et sur les obligations québécoises, nécessiteront un soutien de $1 500 000 de la Banque de Montréal et de la Bank of British North America. En 1900, la Merchants Bank aura glissé à la troisième position derrière la Banque de commerce et la Banque de Montréal. Le fils de Hugh Allan, Hugh Montagu remplacera l’année suivante son oncle, Andrew, à la tête de la banque. En dépit de liens importants avec la haute bourgeoisie montréalaise (la famille Allan contrôlera de nombreuses entreprises), la Merchants Bank n’aura pas réussi à consolider sa situation. Pendant que ses concurrents diversifieront leurs actifs, elle demeurera plus conservatrice alors que 56,3% de ses actifs seront investis sur le marché des prêts.

À l’instar de la presque totalité des institutions financières canadiennes, la Merchants Bank profitera des retombées de la Première Guerre mondiale. Ses actifs croîtront considérablement passant de $83 millions en 1913 à un sommet de $197 millions en 1919. Cependant, en 1922, la faillite d’une firme de courtage à qui la Merchants Bank aura accordé un prêt de $3 600 000 sonnera le glas de l’entreprise financière qui sera finalement absorbée par la Banque de Montréal la même année. Les actionnaires de la Merchants Bank perdront, lors de la transaction, la coquette somme de $5 700 000. »

La situation de cette banque après la Première Guerre Mondiale ressemble étrangement à celle de la Banque Nationale qui , ayant trop prêté pendant la guerre à une industrie de Montmagny, en 1924 se trouva  en situation de faillite. Le gouvernement du Québec encouragea une fusion avec la Banque d’Hochelaga, ce qui résulta en une nouvelle institution,  la Banque Canadienne Nationale. (1)

Hugh Allan et la compagnie maritime Allan Lines

Hugh Allan qui se révéla  un constucteur d’empire,  fonda en 1856 la compagnie maritime Montreal Ocean Shipping Company, communément appelée  Allan Lines. Cette compagnie  transporta des millions d’immigrants venus s’établir en Amérique.  Le principal point de descente des immigrants était situé dans le port de Québec, sur la rive-droite du Saint-Laurent, à Pointe-Lévis.

Les quais de la compagnie Allan Lines étaient donc situés à l’anse Tibbits, contigüs au terminal ferroviaire de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc (Grand Trunk Railway).  Une fois débarqués, les immigrants partaient alors vers l’ouest, bien souvent gratuitement, avec pour destination l’Ontario, le Mid-West américain, ou les territoires de l’ouest Canadien.

Traverse - Anse Tibbits -Gare_du_Grand_Tronc_à_Lévis - Source Wikipedia Commons

Les installations de la compagnie maritime Allan Lines et le terminal du Grand Trunk Railway vers 1875. À quai, possiblement le trois mats Sardinian (Source Wikimedia)

Traverse Sardinian 2

Le Sardinian, de la Allan Lines, entré en service en 1875, à propulsion mixte, voiles et vapeur

Traverse Sardinian 1

Le Sardinian, de la Allan Lines, après rénovations en 1895

Dans les annales maritimes, la traversée de l’Atlantique la plus rapide pour l’époque est survenue en juin 1879 alors que le « Sardinian » quitta Liverpool le 6 juin 1879 pour passer Rimouski le 13 juin suivant à midi (6 jours, 23 heures et 30 minutes), et par la suite en soirée jeter les amarres à Lévis.

Vers 1890, l’Allan Lines était considérée comme la plus importante compagnie de navigation privée au monde.

Yvan-M. Roy                                                                                                                   18 juin 2017

Note (1) : Les statuts de la nouvelle Banque Canadienne Nationale indiquaient que le conseil de direction serait composé de 2 administrateurs de l’ancienne Banque Nationale et 5 administrateurs de l’ancienne Banque d’Hochelaga. Pendant les dix ans qui suivirent, l »industriel Georges-Elie Amiot et le commerçant Napoléon Drolet ont siégé au conseil de la Banque Canadienne Nationale. Napoléon Drolet fut l’arrière-grand-père de l’auteur du présent article.

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