À l’occasion du dévoilement à Lévis du premier Programme particulier d’urbanisme (PPU-Saint-Romuald), le maire Gilles Lehouiller a déclaré : « Il faut préserver l’âme de notre ville » . (Patricia Cloutier, Le Soleil, 24 novembre 2016)
Le projet du PPU-Vieux-Lévis a pour sa part été dévoilé le 28 février 2017. Les citoyens ont eu un court délai de 10 jours pour déposer leurs observations et mémoires. Le PPU est un document complexe d’une densité de 156 pages.
PPU Vieux-Lévis (Projet de l’annexe au règlement RV-2011-11-22 sur le plan d’urbanisme
Avant-Propos : »Âme » (Larousse (4e): Ce qui donne à quelque chose son originalité, ce qui l’anime et fait qu’il touche la sensibilité : Exemple : Une ville sans âme.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A2me/2760
Introduction :Le Comité de quartier du Vieux-Lévis a pris connaissance du projet et soumet des observations sur des éléments qui concernent « l’âme » du Vieux-Lévis.
- L’oubli de l’Anse Tibbits
À partir de l’incorporation de Lévis (1861), la ville compta 3 quartiers. Saint-Laurent et Lauzon bornés nord-ouest par le fleuve, et, sur les plateaux, Notre-Dame borné au sud-est des propriétés le long du chemin royal, aujourd’hui rue Saint-Georges. Le PPU-Vieux-Lévis propose d’importantes mesures de préservation pour préserver « l’âme » de Lévis dans l’ancien ancien quartier Notre-Dame, de minimes mesures pour celui de Lauzon, cependant aucune concernant l’anse Tibbits où s’était établi vers 1810 un important port d’expédition de bois vers l’Angleterre, et plus tard le terminus ferroviaire continental (Windsor-Lévis) du Grand Tronc (1854-1910). Une vingtaine bâtiments qui datent de cette époque longent le parc Tibbits, le plus grand espace de loisir de la ville en bordure du Saint-Laurent. Un potentiel exceptionnel tout à fait ignoré concernant l’hébergement touristique contemporain, ainsi que l’histoire du commerce et du transport maritime et ferroviaire.
Le célèbre Hotel Victoria, construit en 1868 par l’architecte Edward Stavely, dont seulement la partie nord-ouest subsiste encore aujourd’hui
https://cqvl.org/2013/02/25/coup-doeil-sur-lanse-tibbits-rue-saint-laurent/

À l’anse Tibbits vers 1860, chargement de pièces de bois à bord de voiliers en partance pur l’Angleterre et départ d’un convoi du Grand-Tronc vers Montréal
2. Exclusion de la maison Carrier-Couture
Le PPU-Vieux-Lévis reconnait les principaux lieux et bâtiments phares qui font « l’âme » du quartier Notre-Dame, comme le Collège, le Couvent, l’Anglicane, la maison Alphonse-Desjardins. Il y a un oubli capital, celui d’avoir exclu la maison Carrier-Couture qui se trouve à moins de 80m. à l’extérieur du périmètre proposé. Il est de notoriété publique depuis la fondation de Lévis qu’il s’agit de la plus ancienne maison de l’endroit (1735).

La maison Carrier-Couture, 12, rue Valère-Plante, dans le Vieux-Lévis
Il est prouvé qu’Ignace Couture, propriétaire en 1775, fut le leader des 1 400 miliciens de la Côte du Sud qui, armés, ont répondu « Pas un seul ! » au major anglais venu de Québec pour les enrôler afin de combattre les patriotes américains. (Source 1 : http://yvanm.eklablog.com/a-pointe-levy-le-11-septembre-1775-mutinerie-et-sedition- ) On peut ressentir autour des murs de cette maison l’esprit d’indépendance et de survie qui animait nos ancêtres à l’époque de la Conquête (1759) et de la Révolution américaine (1775). (Source 2 : Anderson, Mark R., The Battle for the Fourteenth Colony, University Press of New England-2013, p. 166)
- Construction d’un bâtiment de 5 étages, à côté du Couvent de Lévis et démembrement du Parc de l’Anglicane
Le PPU-Vieux-Lévis maintient les dispositions du règlement de zonage de 2011 sur les usages, affectations et lotissement des zones P-2166 et P-2172.
Dans la première zone, la disposition permet de bâtir un immeuble de 5 étages, de grande volumétrie, à côté d’un joyau patrimonial, le Couvent de Lévis (1858).

Le Couvent de Lévis (1858), pièce maîtresse du patrimoine lévisien, et la Maison des Scouts (1958)
https://cqvl.org/2013/09/29/volte-face-desinvolture-et-desengagement
Dans la seconde zone, la disposition permet de démembrer le parc public de l’Anglicane pour la création de 3 lots et autant de bâtiments de 3 étages. Le parc de l’Anglicane est le dernier grand espace vert de l’ancienne ville d’Aubigny (1818). Le PPU autoriserait également Diffusion culturelle, organisme gestionnaire, d’empiéter sur le parc pour des immobilisations relatives à des spectacles extérieurs.
L’ « âme » du parc de l’Anglicane risque de subir toute une « claque ». Que deviendront les 7 beaux chênes adultes qui bordent la rue Henry ? Ils avaient été plantés il y a une quarantaine d’années pour commémorer la contribution du Conseil de l’époque qui avait réussi à conclure l’achat de l’Anglicane, du presbytère (maison Louise Carrier) et du cimetière (parc de l’Anglicane), alors propriété de résidents Américains.
Le 22 mai 2013, le Journal de Lévis rapportait :
« Certains se souviendront qu’en 1975, une manifestation populaire avait été initiée afin de sensibiliser les autorités à la conservation de l’ancienne église anglicane et de son presbytère. L’histoire veut que ces lieux soient devenus L’Anglicane et la Galerie Louise-Carrier. » (Nathalie Saint-Pierre)

Les sept beaux chênes du parc de l’Anglicane, jadis lieu de rencontres champêtres du groupement » La Fête des Oiseaux », les sauveurs de l’Anglicane
Le PPU entend faire de la Traverse un pôle touristique
4. La côte Labadie. Le PPU propose l’ouverture de la côte Labadie aux vélos. Le Comité de pilotage ne semble pas avoir évalué les risques à la sécurité des personnes. La pente est très forte. Cela posera de sérieux problèmes autant pour les piétons, touristes et citoyens, que pour les cyclistes qui vont se croiser sur cette voie. À Québec, dans l’ancienne côte de Cap-Rouge (parc du Promontoire, Cap-Rouge) la ville a installé des barrières à intervalles rapprochées pour forcer les cyclistes à mettre pied à terre.

Esquisse du PPU-Vieux-Lévis
De plus, les esquisses démontrent l’absence d’un long trottoir de marches et de paliers tel celui qui permettait jadis aux piétons une utilisation sécuritaire à longueur d’année, même en temps de verglas. Pour écarter sa responsabilité, la ville devra-t-elle poser des écriteaux stipulant : ‘’À vos risques’’? ‘’Risques de chute’’? Interdiction: Décembre à Mai?

Le trottoir de bois, côte du »casse-cou », ou »Old Breakneck Hill »
( à suivre)